CAS CONCRET : Dangers représentés par les forums et réseaux sociaux

Les blogs et réseaux sociaux ont connu ces dernières années un développement exponentiel et sont devenus un outil en ligne, mondialement utilisé.
La communauté de la défense, à l’image de la société française, n’est pas restée à l’écart de ce phénomène qui s’est traduit dans les armées par la multiplication, à titre officiel ou privé, de sites d’actualité, de blogs et de forums. C’est à cette dernière qu’appartiennent des forums spécialisés sur lesquels de plus en plus de personnes du ministère s’expriment sur leur métier, voir relatent ce qu’ils vivent au jour le jour.
Les forums de discussion et des réseaux sociaux font naître pour l’institution militaire et ses membres, de nouvelles formes de vulnérabilités et font courir de nouveaux risques en matière d’espionnage, de subversion et de sécurité des activités opérationnelles à prendre en compte.

RISQUES :
Les personnes sont inscrites sur les réseaux sociaux (Facebook, Copains d’avant, Twitter,.....) sous leur identité réelle. Les détails fournis sur leur vie privée et/ou professionnelles sont de nature à faciliter fortement une approche par un service de renseignement adverse ou par une organisation hostile à la défense.
Les intervenants sur les forums agissent souvent sous pseudonyme. Le sentiment d’impunité, résultant de cet anonymat, est de nature à inciter les blogueurs à exagérer leurs propos, voire à divulguer, plus ou moins consciemment, des informations sensibles. L’exagération est susceptible de porter atteinte à l’image de la personne ou de l’institution. Ces informations peuvent constituer, compte tenu des capacités d’interception actuels, un risque grave pour la sécurité de la personne et de l’organisme ou de l’entité.
En Afghanistan, selon certains services étrangers, près de 80 % des renseignements obtenus par les talibans proviendraient d’indiscrétions ou de clichés circulant sur Internet dans le cadre d’échanges auxquels des membres des forces de la coalition prennent par. Outre l’utilisation opérationnelle qui peut en être faite, ces renseignements sont susceptibles d’être exploités pour monter des opérations de déstabilisation de la force, pour faire pression sur le personnel local employé à son profit, voire pour menacer à distance les familles des militaires.

ENSEIGNEMENTS :
L’utilisation des moyens de communication devenus indissociables du mode de vie actuel, il convient d’être sensibilisé et conscient sur les risques qui peuvent en résulter pour l’individu comme pour la collectivité.
La réglementation en vigueur stipule que les militaires sont soumis au devoir de réserve et aux obligations de protection du secret, indépendamment des dispositions du code pénal relatives à la violation du secret de la défense nationale et du secret professionnel, que les fonctionnaires et militaires doivent faire preuve de discrétion professionnelle pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions (références : Article 26 [1] de la LOI n°83-634 du 13 juillet 1983 - Loi portant droits et obligations des fonctionnaires et L. 4121-2 [2]du code de la défense partie législative).

Pour aller plus loin : Dangers de la banalisation de l’usage sur internet des forums, blog et réseaux sociaux par les personnels de la défense


La Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense informe régulièrement les organismes du ministère des dangers de la banalisation de l’usage sur internet des forums, blog et réseaux sociaux (comme facebook, my space, copains d’avant .....) par les personnels de la défense qui fournissent en temps réel au travers de ces moyens modernes de communication des informations précieuses tant au niveau privée que professionnel à des organisations pas toujours bien intentionnées.
D’ailleurs, dans la lettre d’informations stratégiques et de défense (TTU du 25 mars 2009) un article sur les militaires sur internet en opération [1] dresse un tableau des dangers et des mesures prises par d’autres armées étrangères pour limiter les fuites d’informations au travers de ces moyens.
Au niveau du ministère de la défense, il n’est pas interdit de s’inscrire sur ce type de site à titre personnel, mais il est rappelé ,indépendamment des dispositions du code pénal relatives à la violation du secret de la défense nationale et du secret professionnel, que les fonctionnaires et militaires doivent faire preuve de discrétion professionnelle pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. En dehors des cas expressément prévus par la loi, les fonctionnaires et militaires ne peuvent être déliés de cette obligation que par décision expresse de l’autorité dont ils dépendent (références : Article 26 [2] de la LOI n°83-634 du 13 juillet 1983 - Loi portant droits et obligations des fonctionnaires et L. 4121-2 [3] du code de la défense partie législative).
L’application de ces obligations limitent les informations professionnelles communicables à celles validées par décision expresse de l’autorité dont ils dépendent, en dehors des cas expressément prévus par la loi ou la réglementation en vigueur, notamment en matière de liberté d’accès aux documents administratifs.
En cas de doute, il ne faut pas hésiter à prendre contact avec votre supérieur hiérarchique ou l’officier de sécurité pour déterminer les limites de ces obligations.
[1] Les militaires sur Internet (TTU du 25 mars 2009 - Lettre d’informations stratégiques et de défense)

Par Laurence Ifrah, criminologue

Les réseaux sociaux regorgent d’informations précieuses. Les premières cibles sont les militaires dont l’isolement et l’éloignement les incitent à communiquer à leurs proches leurs états d’âme et bien souvent ils se laissent aller à raconter des anecdotes vécues sur les théâtres d’opération, à publier des photos d’eux et de leurs camarades et par conséquent à divulguer des informations pouvant être utilisées par les forces ennemies. Ce fut notamment le cas pour les soldats britanniques en Grande-Bretagne, les canadiens et les américains qui furent souvent victimes de ces publications en Irak. Les organisations proches du mouvement Al-Qaeda collectaient ces données pour localiser les militaires et perpétrer des attentats. Marine Chatrenet a réalisé un rapport en 2008 pour le centre d’études en sciences sociales de la défense. Elle y dresse une typologie de ces journaux de bord qui, nourrit de photos et vidéos livrent des détails sur les camps, les manoeuvres et les interventions militaires. « Si les médias en OPEX – opérations extérieures – sont encadrés et ne peuvent pas tout filmer, les militaires, avec de simples appareils, ont une marge de manoeuvre supérieure et surtout l’exclusivité de certaines images » ceci grâce aux téléphones portables qui intègrent ont la définition augmente en même temps dont la discrétion et la capacité de stockage augmentent et qui permettent d’illustrer des propos édités en ligne, souvent dans le plus parfait anonymat et sans aucun contrôle possible de l’armée. Au Canada, le général de brigade Peter Atkinson a déclaré : « Aujourd’hui, avec la vitesse de la technologie, nous fournissons quasi instantanément à l’ennemi le bilan des pertes lors des combats. Nous devons rendre l’effort de renseignement à l’adversaire aussi difficile que possible. » Le brigadier général assure que 80 % des informations qu’obtiennent les talibans proviennent d’Internet. Début 2008, l’armée canadienne demandait à ses soldats de ne publier aucune photo, ni information personnelle sur les sites de réseaux sociaux en raison des risques avérés d’attentats. La plupart des militaires inscrits sur des sites comme Facebook ont donc réduit les informations les concernant au maximum, mais après avoir réalisé un test, il s’avère que les personnes sélectionnées au hasard, sont inscrites sur de nombreux autres sites et que l’on arrive à reconstituer des profils assez précis avec leurs photos, leurs emails, amis, famille et bien d’autres détails personnels. En février 2009, le ministère de la défense britannique a donc interdit aux soldats l’accès à tous les sites de réseaux sociaux (Facebook, MySpace), mais aussi aux blogs et plus surprenant aux sites de jeux en ligne. Une décision très mal perçue par les militaires qui se sentent à nouveau isolés et dont la majorité a décidé de ne pas obéir aux ordres. Une campagne de sensibilisation permettrait de mieux accepter des décisions qui peuvent paraître frustrante après quelques années de totale liberté d’expression sur le net.

[2] Article 26 - Les fonctionnaires sont tenus au secret professionnel dans le cadre des règles instituées dans le code pénal. Les fonctionnaires doivent faire preuve de discrétion professionnelle pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. En dehors des cas expressément prévus par la réglementation en vigueur, notamment en matière de liberté d’accès aux documents administratifs, les fonctionnaires ne peuvent être déliés de cette obligation de discrétion professionnelle que par décision expresse de l’autorité dont ils dépendent.

[3] Art. L. 4121-2. Les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire. Cette règle s’applique à tous les moyens d’expression. Elle ne fait pas obstacle au libre exercice des cultes dans les enceintes militaires et à bord des bâtiments de la flotte. Indépendamment des dispositions du code pénal relatives à la violation du secret de la défense nationale et du secret professionnel, les militaires doivent faire preuve de discrétion pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. En dehors des cas expressément prévus par la loi, les militaires ne peuvent être déliés de cette obligation que par décision expresse de l’autorité dont ils dépendent. L’usage de moyens de communication et d’information, quels qu’ils soient, peut être restreint ou interdit pour assurer la protection des militaires en opération, l’exécution de leur mission ou la sécurité des activités militaires.

 

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